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« La nuit est toi » de Claire Boitel

 Après la nuit, « La nuit est toi ».

C’est « l’eau du rêve » de Claire Boitel.

« Le soleil au goût d’oiseau ».

Un duo mystique, polymorphe. Eléonore se dédouble, se métamorphose. Belle, distinguée, morte, elle est victime et résurrection. Existe-t-elle au-delà d’une histoire d’amour ?

Non.

Au fil des pages, une transcendance. Un lyrisme qui passe sous le Pont Mirabeau, dans la nuit, auprès d’un fleuve où « la vie se mêle à la mort ». Au cœur du récit, la fuite du temps, entre lumière et obscurité, questionne le pouvoir-être.

 Nous sommes toujours devant un inconnu. Des murmures amoureux jusqu’à ne plus être, ne plus exister ; du désir et de l’obscur ; une parenté qui va jusqu’à la violence comme un objet du vouloir.

De l’eau encore, et Eléonore se jette à l’eau, dans la trame du désir vers une pulsion de mort.

Envoi.

« Désormais, tout ce qui vient de moi est pur – sève de diamant ».

Sous le Pont, l’eau coule, mouvante, comme l’écriture de Claire Boitel, entre envolée surréaliste et poésie sublime, empreinte d’images fulgurantes.

La nuit est toi.

 Maintenant, l’eau n’est plus la même. Le ciel ne bat plus d’un œil las : il est d’un bleu sacré. Mes mains même sont belles. Je te respire partout, tu me vois, tu es à côté de moi, en moi. Je sens descendre sur moi les châteaux incroyables et les domaines plantés d’enchantements.

Je t’ai choisie. La nuit est toi.

[…] Tes cheveux sont d’un blond vénitien, l’étincelle venue de la fenêtre y met le feu. Tes yeux sont verts comme une partie de pêche. Ta bouche est une cerise au grain rouge et charnu.

[…] Je continuais à contempler le fleuve. Il était parti. Animée par une pulsion, je me rendis au cimetière. Là, je déambulai parmi les maisons vêtues de mousse et de rouille. Bientôt, je vis une tombe où gisait une  jeune fille de métal vert.

[…] Plus rien ne s’opposera à notre destin. Nous sommes sur les rails, en route vers l’indicible. Fait-il soleil ? Pluie ? Nuage ? Couchant ? Aurore ? »

 Claire Boitel, « La nuit est toi », éd. Fables Fertiles, 2022.

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