Après le coucher du soleil
Dans la courbe d’une existence
Une rose trémière
Timide tige élancée
Jette un cri de détresse,
Pose sa cloche rouge carmin auprès de mes murs
Ses feuilles tendres sur mon plafond,
Rose trémière
Erres-tu sans torpeur ?
M’apportes-tu les clés du tissu des splendeurs
Viens-tu d’une grille de fleurs rouges zébrées de jaune d’or
Pour pénétrer dans les ténèbres ?
Cherches-tu le chemin éternel ?
Tes corolles écloses attirées par ma hantise-lumière
Se confondent dans mes bras enchantés
Tu grandis ainsi, sous une robe rose satin
Tes traits changent :
As-tu souffert du voyage
As-tu rencontré la mésange bleue des jardins touffus
Après les bourrasques en colère ?
Ton suc sucré et doux –
Miroir qui nous anime,
Bourgeon éclairé d’une verdure en fête
Annonce une métamorphose,
Notre corps s’empare depuis les hauteurs
Du jasement joyeux des merles poètes
Du bec gris-bleuté des pinsons des arbres
Du cri des rouges-gorges adultes
Nos yeux captent un tapis
De véronique de perse
De lamier pourpre
De pâquerettes et coccinelles à sept points
Nous commençons à planter en terre acide
Un camélia blanc
Nous cueillons les jacinthes des bois
Les cardamines des prés
Et tressons une couronne
De fleurs violacées du lierre terrestre,
Rose trémière,
Qui retirera les fleurs fanées avant qu’elles ne tombent ?
Nos graines pour prolonger la floraison ?