
Alors que je courais le matin pour rejoindre les éditions Michalon, la rue du Dragon, semblait me réinventer. Au fil du temps qui passait, mes nimbes et les cimes sont nés.
Yves Michalon(1), issu d’une famille gaulliste, était un éditeur engagé, un militant de causes, empreint d’un humanisme généreux. Tantôt dans les chemins de la défense des hommes ou des femmes en souffrance, tantôt près des enfants en danger, ce chantre de la liberté et de la justice, cultivait sans relâche « le goût des autres » ; se battait pour l’engagement démocratique dans l’Est en tant que fondateur de l’association Est Libertés.
Se promenant dans les idéaux du Boulevard de l’absolu, il jetait ses cailloux vers une « société, qui, dans le tintamarre de l’époque, ne répondait à nos troubles que par un silence de plus en plus insupportable ».
Yves aimait puissamment la vie, la vie comme une promesse.
Ce combatif tendre et dévoué ne cessera de contribuer à la longue transition démocratique de la région balkanique.
Sa disparition retentira dans la rue de l’École Polytechnique, sa voix et ses conseils manqueront à ses amis et à ses collègues des éditions.
Au royaume des crapauds fous surgit un merle blanc, legs d’un oiseau rare dont nous reconnaissons le sifflement prolongé d’une même musique.