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Un transfert pour deux

Un moment de calme, Max Ernst (1939), National Gallery of Art (c) alamy

Des fleurs carnassières poussaient en même temps que des espèces inconnues.

Une expérimentation végétale et animale.
Piquée par des insectes venimeux, elle se trouvait auprès de palmiers charnus, de cactus et de buissons d’épines géantes où le mépris à l’égard des hommes était réuni. Des couronnes de plantes lançaient des excroissances et des pointes empoisonnées. Le passé s’étalait dans les tiges ; les feuilles et les fleurs devenues hideuses, ressemblaient à des membres épars et des articulations douloureuses.
Il brodait dans la nature des créatures féroces. Peut-être des fantômes de passions et des fautes convulsives. Il essayait de les éloigner dans un labyrinthe de larves voulant les dévorer.
Écoutant vivre des formes qui revenaient en masse s’amalgamer les unes aux autres, ils étaient les dessinateurs d’une forêt naissante.
Éblouis, possédés par leur expérience plus réelle que les paysages foisonnants du monde d’avant, ils avaient mis à germer une graine dans la rosée des songes. Les voilà dans une forêt jaillie pour eux. En face l’un de l’autre, promenant leur sensibilité à travers une féerie tant naïve, fabuleuse que violente et monstrueuse.
Ils se trouvaient là, près du cœur de la forêt, des forces élémentaires et composaient une valse ingénue.
Enveloppée d’orchidées et de serpents à peau splendide – commandés par les sortilèges d’une musique victorieuse – elle regardait les singes farceurs jouant avec les citrons teints d’un sincère soleil.
Peu à peu, ils ont apprivoisé cette forêt exubérante frémissant de leur souffle.
Exorcisés par leur vouloir, l’innocence végétale et animale les a touchés. Un lieu fécond de métamorphoses les portait. Comme une transmutation et un transfert pour deux. Ainsi ont-ils acquis une connaissance totale du lieu.
Par enchantement, les mystères se révélaient.
Dépouillés, ils ont conquis un emplacement prêt à se connaître. Un cycle de déconstruction et de création de vie devenait transparent à leur œil.
La vie dans la forêt muait ; souffle, pneuma, transformation en figures brisées et incertaines ; des formes joyeusement endormies éclataient dans leurs âmes.
Ce lieu n’a pas été atteint par la chute du monde d’avant. Palpite un air. Ils respirent. Dépassent un mur épais qui s’effondre soudainement après.


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