
Le dernier livre, « Animaux » d’Etienne Ruhaud serait-il constitué de chants, d’un appel au « beau » et à l’effroyable univers, presque pataphysique auquel l’auteur nous invite ? Beau comme les « vastes méduses volantes descendues des plateaux du ciel », les monstres polymorphes des « Animaux », les vampires et autres animaux inexistants – un bestiaire imaginaire surprenant – , démontrent la subtilité du « feu » de l’auteur. Une société allégorique dirais-je. Créateur, Etienne Ruhaud, fait montre, avec ce recueil, d’une envolée surréaliste dont la force demeure dans le pouvoir et le regard des mots.
Etienne Ruhaud, Animaux, Editions Unicité, Paris, 2020 (citation).
Les lunes
Vastes méduses volantes, descendues des plateaux du ciel.
La forme est presque ronde. La surface tachée de cratères, de crevasses, de varices, balafres sur une peau grise et rugueuse, éléphantesque.
Enormes ballons à moitié dégonflés, flottant par-dessus la ville, les champs, apparus après le mois de pluie, comme des saletés à l’horizon, un point noir, une fièvre. Fausses planètes de charbon.
D’aucuns voient bon, ou mauvais présage, dans leurs ondulations, leurs mouvements. Les lunes échouent avec un bruit mat, tel bulle qui éclate, eau et boue répandues sur le bitume en une flaque noire, un cloaque. Des gaz s’échappent encore quelques jours, feux follets de terre et de cendre, puis tout s’éteint.
La Cime ne me contredit pas – Essai de liberté esthétique, Fauves éditions, Paris, 2021 – dans le blog Page Paysage d’Etienne Ruhaud (citation)

Je viens de l’abîme. Mon corps transpire et ma gorge suffoque… (Lire la suite)