
Si le duel de Pouchkine
M’évoque la neige,
Et si ce duel
M’extirpe d’une lecture lermontovienne,
Mes démons paraissent en toutes leurs formes
De splendeur,
Et si le duel renvoie à une confrontation,
Moi, c’est au verbe incandescent
Que je demande un duel,
Une fusion de regards
De sourires
Sous cette lumière aride,
Je suis en duel
Avec ma lampe,
Ô Joie
Ce duel n’est pas de sang
Il est de chair,
Il est omniprésent,
Il est muet,
En noir et blanc,
Et Gontcharov
Me donne raison,
Les pins de cette forêt
Témoins d’un duel d’Anthésien
Les mains tremblantes
De Lenski,
Pouchkine revient
Comme une fumée céleste,
Ce matin
Douceur
D’une intonation
Chatoyante
D’une langue,
Et si le duel persiste
Onéguine-Pouchkine
Je l’attends,
Et cela me secoue,
Me palpite,
Me ramène
Une boule de neige
Que je glisse
Et où tous mes héros
Y luttent,
Toi tu y es !
Il neige à Paris
Un duel s’annonce.
Ce poème est publié dans « Surface » suivi de « Case-ciel », Editions du Petit Véhicule, octobre 2019.